À l'occasion du concert de Broken Back qui s'est tenu à Paris en 2020, nous avons rencontré l'ingénieur du son Geoffrey Dheur et recueilli ses propos concernant sa configuration Allen & Heath.

Le Bataclan, salle mythique à Paris, accueillait l'artiste Broken Back dans le cadre de sa tournée européenne. L'ingénieur du son Geoffrey Dheur nous a accordé une interview dans laquelle il revient sur le système Allen & Heath déployé et les spécificités de la date parisienne.

Geoffrey Dheur aux contrôles de la dLive.

 

Pouvez-vous présenter Broken Back en quelques mots ? 

Broken Back est un projet pop-électro hybride où le mélange entre folk, musiques du monde et électro est subtil et assez atypique. Percussions et instruments traditionnels se mêlent à des sonorités très électroniques. 

 

Quelle est votre configuration Allen & Heath ? 

La dLive C2500 positionnée en façade.

J'utilise une dLive C2500 avec un MixRack CDM48. Les 48 entrées me sont largement suffisantes. J'ai réduit le nombre de sources à 32 entrées lorsque nous sommes amenés à voyager en train ou en avion afin de pouvoir utiliser uniquement un CDM32 (qui tient dans une valise de voyage solide avec un poids total en dessous de 23kg), piloté par le logiciel Director en réseau depuis la position Front-Of-House. J'ai configuré la console numérique de manière à pouvoir gérer la façade ainsi que les retours. Les artistes retrouvent leurs mixes de retours que ce soit en configuration normale (CDM48+C2500) ou en configuration "inter" (CDM32+ordinateur). Enfin, je possède une carte Dante que je sépare en deux parties : une pour enregistrer en multipiste et me servir du Virtual Soundcheck et l'autre pour utiliser mes effets préférés via Live Professor.

 

Existe-t-il d'autres utilisateurs sur la console ?

Quand je ne suis pas disponible, un autre ingénieur du son me remplace. Au début, cette personne ne connaissait pas la console dLive mais ce modèle permet de s'y retrouver très rapidement. De plus, j'ai pu le former facilement avec le logiciel dLive Director car il propose une interface similaire à la console.

 

Quels étaient vos besoins pour ce projet ? 

J'avais besoin d'une solution compacte, puissante et peu onéreuse pour rester dans le budget de la tournée. Il me fallait surtout cette modularité et cette compatibilité entre les systèmes pour enchainer les dates en avion, train ou van. La console est en fait une surface de contrôle, le cœur du système est logé dans le Stage Rack qui peut être piloté par tablette ou ordinateur. En van, on opte pour la configuration classique (CDM48+C2500) et en avion on prend juste un CDM32.

Je fais le mixage retours in-ears des trois artistes depuis la façade, il me fallait donc une console suffisamment puissante pour avoir deux consoles en une et obtenir une parfaite indépendance entre ces deux "consoles virtuelles", ce qui est très facile à faire sur dLive. J'ai un layer F-O-H et un layer monitor, des slots d'effets dédiés F-O-H et d'autres dédiés "monitor", ... 

Enfin, je voulais une console qui puisse m'aider à produire mon mix pendant les concerts. En effet, j'aime y mettre de l'émotion et de l'intention avec beaucoup d'effets, des compresseurs typés qui ajoutent du grain et du caractère, des chorus, du delay ou encore de la reverb dans le but de retrouver le son très produit de l'album. Pour moi, il était donc important d'avoir beaucoup d'effets différents avec de nombreux slots disponibles pour les y accueillir et d'avoir un accès rapide à tout ça.

 

Quelles sont les caractéristiques et les spécificités du Bataclan en termes d'acoustique ?

Avant de partir en tournée et de jouer ici, nous avons eu la chance d'y avoir travaillé trois jours en résidence avec une équipe d'accueil au top. Tout au long de la résidence, j’avais prévu une paire d’enceintes de monitoring pour pouvoir réécouter et prendre des décisions de mix avec les artistes en mode Virtual Soundcheck et s’affranchir du couplage système son/acoustique propre du Bataclan. 

En effet, bien qu’étant chaleureuse et « boisée », l'acoustique de cette salle mythique n’est pas tout à fait celle de la plupart des SMAC, le temps de réverbération y est plus long. Aussi, le Bataclan impose un niveau sonore de 100dBA dû à la proximité du voisinage. Pour respecter cette règle, la salle est dotée d'un limiteur. 

Ces contraintes impliquent de travailler le mix spécifiquement pour cette salle. Pendant cette résidence, il fallait donc travailler le show de la tournée tout en ayant en tête les particularités du Bataclan. Mais avec les outils de la dLive, et notamment la possibilité d’insérer le DYN8 sur les bus de sortie, il est plutôt aisé de conserver son mix et de l’adapter aux différentes salles. 

 

La salle du Bataclan.

Quels sont les atouts de la console ?

Elle sait répondre à toutes mes attentes et son ergonomie est un vrai plus. J'ai l'impression que cette console ne possède aucune limite et mes idées sont toujours facilement réalisables. Elle est rapide à prendre en main et offre un haut niveau de personnalisation (organisation et couleurs de faders, fonctions des softkeys, raccourcis de scènes, etc.). La dLive dispose de nombreuses couches de Fader très réactives et de nombreuses possibilités d’entrées et sorties pour pouvoir la configurer à la demande et en fonction des besoins qui peuvent évoluer lors d’une tournée. Par exemple, ce soir au Bataclan, un invité vient spécialement accompagner Broken Back au chant et au clavier pour un morceau. Or, il a été très rapide et facile d’ajouter des inputs, des effets et un circuit de retours in-ear en stéréo spécialement pour lui, sans avoir à repenser toute l’organisation de ma console. 

La position F-O-H a un très faible impact en termes de place occupée puisqu’il n’y a pas de Rack Engine. Aussi, il n’y a pas besoin d’avoir de nombreux racks de périphériques Hardware puisque la console dispose de nombreux effets et de traitement de dynamique très complets et variés. On peut facilement s’installer dans les gradins d’un théâtre par exemple.

Enfin, entre le système de Virtual Soundcheck bien pensé et tous les plugins embarqués, on peut vraiment prendre le temps de produire son mix. Le son et la dynamique de la console sont bons. Nous ressentons la puissance du moteur 96kHz et les artistes sont ravis de leurs mixes dans les retours. 

 

À qui la recommanderiez-vous ? Et pourquoi ?

Je la recommande évidemment en tournée pour son très bon rapport compacité/prix/performances et aussi pour l'accueil dans les salles de concerts. En effet, c'est une console très facile à prendre en main et il existe tellement de possibilités qu'elle pourrait correspondre à tout le monde. 

Par ailleurs, elle est particulièrement bien adaptée aux formations pop-électro qui demandent un certain niveau de production du son en Live.

 

Pouvez-vous nous parler de votre collaboration avec Algam Entreprises ?

J'ai découvert la dLive grâce au bouche-à-oreille. Après m'être renseigné, je souhaitais essayer ce modèle. J’ai donc contacté Bruno Dabard et il m’a accueilli dans les bureaux d’Algam Entreprises pour me la faire tester et me donner des informations complémentaires. Aussi, Algam m’a permis d’essayer le CDM32 pour un enchainement de dates en avion ce qui m’a permis de me décider définitivement et d’opter pour ce système. Aussi, la rapidité d’échange avec Algam est un plus en cas de panne par exemple.

Par la suite, j'aimerais bien essayer la Classe S pour augmenter la sécurité (redondance alimentation et réseau) et le nombre de ports de carte d’extension. Cela me permettrait d'avoir plus d’ AES in/out et une carte Supermadi pour ajouter à cette configuration un processeur d'effets. Mais pour l'instant, la Classe C me convient.

 

Merci à Geoffrey Dheur pour son témoignage.

 

Matériel fourni par Dushow.

Production de la tournée : Junzi Arts.

 

En savoir plus sur Dushow : https://www.dushow.com/

En savoir plus sur Junzi Arts : http://www.junzi-arts.com/ 

En savoir plus sur Broken Back : http://www.broken-back.com/

 

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Pour aller plus loin :
- [Avantis] Retour d'expérience avec Olivier Renet
- Le Bus Palladium s'équipe avec une dLive S7000
- Le Hip Hop Symphonique #5 avec Allen & Heath